CHIMIE- Seconde
III - Transformations de la
matière (4 TP, 8 heures en classe entière)
Objectifs
La troisième partie porte sur la transformation chimique d’un
système. Un des objectifs spécifiques de la classe de seconde
est d’établir un bilan de matière ; pour ce faire, à
la transformation chimique d’un système est associée une
réaction chimique qui rend compte macroscopiquement de l’évolution
du système et qui donne lieu à une écriture symbolique
appelée équation. Lorsqu’ultérieurement la cinétique
d’évolution du système sera abordée, il sera nécessaire
de mettre en place un modèle plus élaboré faisant intervenir
des intermédiaires réactionnels et les équations correspondantes.
Le modèle et ses limites restent donc au cœur de cette partie.
L’étude de la transformation chimique d’un système
commence par la mise en place d’outils de description macroscopique du
système impliquant la définition de la mole.
L’enseignant fait bien la distinction entre la transformation subie par
le système et la réaction chimique qui modélise cette transformation.
Aussi souvent que possible, les manipulations servent de support introductif
à cette approche pour essayer de remédier aux difficultés
actuelles rencontrées par les élèves.
Il s’agit ensuite, en s’aidant d’un outil - un tableau descriptif
du système au cours de la transformation - d’analyser cette transformation,
en introduisant la notion d’avancement, et d’établir un bilan
de matière. L’élève doit être capable d’écrire
les nombres stœchiométriques de l’équation en respectant
les lois de conservation des éléments et des charges et de comprendre
qu’une transformation chimique ne nécessite pas que les réactifs
soient dans des proportions particulières dans l’état initial.
Les élèves seront formés à l’utilisation d’un
vocabulaire précis et à l’appropriation d’outils commodes
pour décrire et analyser une transformation, selon une progression en
difficultés croissantes utilisant l’avancement.
L’élaboration que l’enseignant fait avec l’élève
de ce bilan de matière est essentielle pour la validation du modèle
proposé. Toutefois aucune compétence n’est exigible sur
ce bilan de matière. L’ensemble de cette présentation sera
reprise au début de l’enseignement de la chimie en classe de première
scientifique.
Des illustrations expérimentales sont utilisées pour s’approprier
le concept de transformation chimique (état initial et état final)
et permettent de vérifier la validité d’un modèle
proposé de réaction chimique pour rendre compte de l’évolution
d’un système subissant une transformation chimique.
Tout particulièrement dans cette partie, l’enseignant veille
à une utilisation rigoureuse du vocabulaire proposé en classe
de seconde pour traiter de la transformation chimique. Il précise et
justifie les points sur lesquels portent ces modifications.
1 - Outils de description d’un système
Exemples d'activités |
Contenus |
Connaissances et savoir-faire exigibles |
Comment peut-on mesurer une quantité
de matière ?
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1.1. De l’échelle
microscopique à l’échelle macroscopique :
la mole 1.2. Concentration molaire des
espèces moléculaires en solution. |
Calculer une masse molaire moléculaire à partir des masses molaires atomiques. Déterminer une quantité de matière (exprimée en mol) connaissant la masse d’un solide ou le volume d’un liquide ou d’un gaz.
|
Commentaires
Les paramètres nécessaires à la description du système
sont : la pression P, la température T (en lien avec le programme de
physique), la nature des espèces chimiques présentes, leur état
(solide, s, liquide, l, gazeux, g, solution, le plus souvent
aqueuse, aq) et leurs quantités respectives. Pour cette description,
on effectue le passage de l’échelle microscopique à l’échelle
macroscopique en définissant l’unité de quantité
de matière (la mole) et la concentration molaire en solution, en se limitant
aux espèces moléculaires.
La constante d'Avogadro permet de faire un changement d'échelle : passage
du niveau microscopique (atome, molécule ou ion : m #10-26
kg) à un niveau macroscopique (la mole d'atomes, de molécules
ou d'ions dont la masse avoisine quelques g ou dizaines de g). Une évaluation
de la constante d’Avogadro permet de mieux s’approprier la définition
de la mole.
À ce stade de l’enseignement de la chimie, il est précisé
que le volume molaire (Vm) est fonction des conditions de température
T et de pression P. Dans le cas des gaz, il est introduit en physique dans le
modèle du gaz parfait.
L’emploi des guillemets dans masse molaire “atomique” a pour
objectif de mettre en évidence qu’il s’agit en réalité
de la masse d’une mole d’atomes à l’état naturel
(ce qui revient à considérer les abondances isotopiques naturelles).
Seules les espèces moléculaires sont utilisées pour illustrer
l’opération de dissolution en vue de l’obtention d’une
solution de concentration donnée (on considère que le diiode en
solution est une espèce moléculaire, autrement dit la présence
des ions I3- n’est pas mentionnée. Attention
! les cristaux de diiode sont toxiques. Il est donc conseillé de diluer
une solution déjà préparée). Ce n’est qu’au
début de la classe de première S que la réaction de dissolution
des espèces ioniques sera écrite et qu’il pourra être
exigé de calculer les concentrations molaires des ions. Néanmoins,
en classe de seconde, on peut présenter des expériences dans lesquelles
les solutions résultent de la dissolution de solides ioniques. On donne
alors les concentrations (colorants ou sulfate de cuivre, par exemple) et ces
solutions ne peuvent donner lieu qu’à des opérations de
dilution.
2 - Transformation chimique d’un système
Exemples d'activités |
Contenus |
Connaissances et savoir-faire exigibles |
Comment décrire le système
chimique et son évolution? Mise en évidence expérimentale de l’influence des quantités de matière des réactifs sur l’avancement maximal et vérification expérimentale de la validité d’un modèle proposé de réaction chimique pour décrire l’évolution d’un système chimique subissant une transformation :acide éthanoïque sur l’hydrogéno-carbonate de sodium |
2.1. Modélisation de la
transformation : réaction chimique
|
Décrire un système.
|
Commentaires
La réaction chimique donne lieu à une écriture
symbolique appelée équation. L’enseignant insiste sur le
fait que la conservation des éléments et des charges au cours
de la transformation chimique d’un système se traduit par l’ajustement
des nombres stœchiométriques dans l’équation (il justifie
que l’on dise conservation des éléments et non plus comme
en classe de 4e conservation des atomes).
Dans cette équation, les réactifs sont les espèces chimiques
écrites dans le membre de gauche et les produits sont les espèces
chimiques écrites dans le membre de droite.
Si on prend l’exemple de la synthèse de l’eau dans les conditions
ambiantes (1 bar, 25°C), on peut réaliser le bilan de matière,
en considérant que la formation de 2 moles d’eau s’accompagne
de la consommation de 2 moles de dihydrogène et d’une mole de dioxygène.
Cette réaction chimique s’écrit de façon symbolique
:
2 H2 (g)+ O2 (g) -->2 H2O (l).
La réaction chimique est écrite, en classe de seconde, avec pour
symbolisme la simple flèche : -->
Outre sa cohérence avec le programme de Troisième,
ce symbolisme précise, de façon condensée, dans quelle
direction le système évolue dans les conditions de l’expérience.
La réaction ne préjuge en rien de ce qui se passe au niveau microscopique
et qui est la cause de l’évolution du système. Pour définir
la transformation chimique d’un système, l’enseignant choisit
des exemples simples parmi ceux déjà rencontrés au collège
et ceux proposés lors des synthèses développées
dans la première partie.
Toujours dans le cadre du programme de seconde :
- les quantités de matière des espèces chimiques présentes
dans le système au cours de la transformation chimique s’expriment
à l’aide d’une grandeur (en mol, notée x
par exemple), identifiée à un avancement,
- seules sont envisagées des transformations qui s’achèvent
quand l’un des réactifs, appelé réactif limitant,
a disparu. L’avancement final atteint se confond alors avec l’avancement
maximal. Il existe des cas, qui seront rencontrés dans le cursus scientifique
ultérieur, où l’avan-cement final n’est pas l’avancement
maximal (estérification, dissociation des acides ou des bases faibles
dans l’eau, par exemple). Au-delà de l’utilisation de la
simple flèche : -->, l’enseignant propose aux élèves
d’utiliser un tableau, considéré comme un outil, pour décrire
et analyser l’évolution d’un système ; il adopte une
progression en difficultés croissantes : dans un premier temps l’enseignant
considère des réactions dont l’équation ne présente
que des nombres stœchiométriques égaux à 1 ; dans
un deuxième temps, il considère des réactions dont l’équation
présente au moins un nombre stœchiométrique égal à
1 ; enfin une généralisation pourra être établie
avec des nombres quelconques. L’enseignant décide à quel
niveau de difficultés il arrête sa progression et définit
les connaissances et savoir-faire exigibles des élèves en conséquence.
Exemple de tableau en reprenant le cas de la synthèse de l’eau
:
L’avancement maximal, xmax
est obtenu en écrivant que les quantités de chaque espèce
chimique sont nécessairement positives :
2x >= 0 ; 3-x >= 0 ; 1- 2x >= 0
Il est alors possible de déterminer xmax (en l’occurrence
:1/2).
Le tableau peut alors être complété.
Remarque : l’IUPAC recommande d’utiliser le signe = pour
exprimer la relation stœchiométrique (qui ne présuppose pas
dans quelle direction le système évolue) et donc mener une activité
de calcul sur la transformation chimique considérée. En classe
de seconde il est prématuré d’introduire un symbolisme supplémentaire.
Le bilan de matière peut aussi se présenter sous la forme :
Afin de traiter le bilan matière (2.2), on
pourrait adopter la progression suivante (qui reviendrait à consacrer
2 TP et 2 h en classe entière) avec un exemple ayant fait l’objet
d’une approche expérimentale (l’acide éthanoïque
sur l’hydrogénocarbonate de sodium convient parfaitement) :
1. approche qualitative expérimentale et observations : système,
état initial, état final, caractérisation des espèces,
réactif limitant.L’enseignant fait soigneusement la différence
entre la transformation étudiée et les tests utilisés pour
caractériser les réactifs ou les produits.
2. approche quantitative : l’enseignant mène une discussion avec
les élèves en vue de formaliser les observations qu’ils
ont faites. Il introduit l’avancement et met en place l’outil (construction
du tableau avec les élèves).
3. vérification expérimentale de la validité d’un
modèle proposé de la réaction chimique. En exploitant la
même réaction chimique que lors des approches qualitative et quantitative
(points 1 et 2) les élèves vont être à même
d’exploiter les observations faites, de réaliser des mesures et
de mener les calculs permettant de “compléter” le tableau.
L’utilisation d’un tableur peut permettre la simulation de l’évolution
des quantités de matière au cours de la transformation et éventuellement
le tracé de ces évolutions en fonction de l’avancement pour
visualiser l’arrêt de la transformation lors de l’épuisement
d’un réactif. Il serait cependant dommage qu’il détourne
l’attention des élèves de l’objectif recherché
: établir un bilan de matière.